Commentaire
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Le Râmâyana, attribué au sage Vâlmîkî, est
un ouvrage célèbre connu en Europe par plusieurs traductions dont l'une en français
par A. Roussel. Grande épopée sanskrite, le Râmâyana vâlmîkien est divisé en sept
kânda ou livres : Bâla, Ayodhyâ, Aralnya, Kiskindhyâ, Sundara, Yuddha et Uttara,
et compte environ 24.000 "sloka" (strophe). Le sujet en est une très ancienne
légende qui raconte l'histoire de Rama, héros au service du bien, modèle pour
l'humanité : Râma, est un prince de la dynastie solaire, qui incarne l'idéal des
vertus familiales, chevaleresques et royales. Il est le redresseur des torts,
le champion du "Dhama". Exilé par la jalousie d'une marâtre au moment ou le roi
d'Ayodhyâ, son père, s'apprêtait à le couronner, il se résigne noblement à sa
disgrâce, et vit dans la forêt avec son épouse Sîtâ et son jeune frère Laksmana
qui ont tout quitté pour le suivre. Il fait un carnage des démons Râksasa, ennemis
des dieux et des brahmanes, qui hantent ces parages. Le roi des Râksasa, Râvana,
assoiffé de vengeance et séduit par la beauté de Sîtâ, enlève celle-ci et la retient
prisonnière dans sa forteresse de Lankâ. Râma et Laksmana font alors alliance
avec les ours et les singes, qui ont pour roi Sugrîva et pour champion Hanumat.
Avec leur aide, Râma retrouve Sîtâ, franchit l'océan et met le siège devant Lankâ.
Après mainte féroce bataille entre singes et Râksasa, Râma tue Râksasa en combat
singulier et reconquiert Sîtâ. Avec elle, il retourne à Ayodhyâ et reprend sa
place sur le tr6ne que son frère Bharata, fils de sa marâtre, Kaikeyî, lui a généreusement
conservé. Dans les kânda II à VI de l'épopée (mise à part une tardive interpolation
dans le kânda VI) Râma n'est qu'un héros humain. Cependant, il fut de bonne heure
considéré comme un "avatara", "descente" ou incarnation du dieu Visnu. Cette légende
a trouvé place dans le kânda I, de composition plus récente que l'ensemble du
poème : Visnu, sollicité par les dieux, qui sont en butte aux persécutions des
Râksasa, promet de s'incarner dans les fils de Dasaratha, roi d'Ayodhyâ; c'est
donc lui qui, sous la forme de Râma, tuera Râvasa et anéantira la puissance des
Râksasa. La légende vâlmîkienne a connu dans l'Inde une extraordinaire fortune
: la littérature qui dérive du Râmâyana est considérable et inclut, outre un certain
nombre de " Râmâyana" sectaires, composés à des fins apologétiques, plusieurs
drames ou "nâtaka" dont le plus célèbre est le " Mahânâtaka " ("Grand drame")
ou "Hanumannâtaka " attribué au singe divin, Hanumat. D'autre part, la légende
de Râma a largement dépassé les frontières de l'Inde, et la littérature qu'elle
a inspirée n'est pas entièrement fondée sur l'épopée vâlmîkienne : les versions
non-indiennes du Râmâyana (versions khmère, javanaise) et même certaines versions
indiennes (bengalie) sont en partie fondées sur des traditions populaires très
anciennes et différentes de celle admise par Vâlmiki. Cependant, pour l'Inde
dans son ensemble, la légende de Râma se confond avec la légende vâlmîkienne. |