Commentaire
|
"Dans mon humble sphère - professeur n'est pas prophète
- j'ai aussi hésité longtemps à publier ce
livre, vu l'impossibilité de répondre à la
fois aux exigences des trois sortes possibles de lecteurs. […]
Restait à satisfaire à la fois les gens du monde et
les étudiants. […] Voici donc le parti auquel nous nous
sommes arrêtés […] Le corps de l'ouvrage a été
débarrassé dans la mesure du possible de toutes les
complications orthographiques, linguistiques et autres […]
mais les personnes solliciteuses d'aller jusqu'au tond des choses,
[…] trouveront page à page en note à la fin du
volume les indications bibliographiques et les références
justificatives les plus nécessaires à leur orientation
[…]
Les plus anciens textes bouddhiques ont naturellement été
notre principale source d'information, et, comme tels, ils nous
ont contraint à répéter bien des choses déjà
dites et redites; mais ils n'ont pas été nos seuls
informateurs. […] J'aurais été impardonnable
de ne pas profiter sur tous ces points des travaux des indianistes,
mes prédécesseurs, et notamment des progrès
qu'ils ont fait faire à l'archéologie indienne. Grâce
à eux les événements connus se présentent
sous un jour nouveau […] La localisation certaine en huit Places
saintes, aujourd'hui bien repérées, des principaux
épisodes de la vie du Bouddha […] rehausse singulièrement
dans l'ensemble leur caractère d'authenticité. […]
Bien que je ne me propose ici que d'esquisser une image aussi approchée
que possible de la personne du Bouddha, j'ai eu garde de négliger
les lueurs complémentaires qui de ces divers côtés
se projettent sur la doctrine et se reflètent jusque sur
la Physionomie de son fondateur. […]" A.
Foucher
Alfred
Foucher (1865-1952), chercheur français, est connu
pour avoir identifié l'image du Bouddha comme ayant des origines
grecques.
Agrégé de lettres puis intéressé par
l'indianisme, A. Foucher suit les cours de S. Lévi à
l'Ecole des hautes études. Son attention est attirée
par les relations possibles entre l'Inde et la Grèce, et
par les rapports déjà bien constatés entre
le sanskrit et les langues classiques. À partir de là
se manifeste sa prédilection pour l'art bouddhique et le
Bouddha.
Il s'attache à toutes les manifestations de l'art gréco-bouddhique
qui fleurissait, vers le début de notre ère, sur les
confins nord-ouest du Penjab et propose une étude d'ensemble
de cet art : aire géographique et histoire, architecture
de ses monuments, interprétation de ses bas-reliefs, identification
de ses statues, et influence sur le reste de l'Inde jusqu'au VIe
siècle. A. Foucher écrira successivement les 3 volumes
de son ouvrage, l'art
gréco-bouddhique du Gandhâra,
son travail le plus célèbre : le premier consacré
aux édifices et aux bas-reliefs, les deux autres sur les
images puis sur l'histoire.
Toutes les sculptures composites qui s'inspirent de modèles
hellénistiques, repris à la manière indienne,
étaient connues avant Foucher, mais leur symbolisme restait
non résolu. A. Foucher eu le mérite de les interpréter
correctement. Ainsi doit-on à A. Foucher d'avoir inventé
et défini le terme "art Greco-Bouddhique" où
l'image de Bouddha est identifiée comme d'origine grecque.
L'art gréco-bouddhique
du Gandhâra décrit comment l'art bouddhique
de cette époque représente le Bouddha en dépeignant
des éléments de sa vie, au lieu de dépeindre
le Bouddha lui-même. Foucher a argué du fait que les
premières images sculptées du Bouddha ont été
fortement influencées par les artistes grecs.
Foucher a daté les images (les considérant comme les
"plus beau, et probablement
les plus anciens des Buddhas") du 1er siècle
av J.-C. et en a fait le point de départ de toutes les futures
représentations anthropomorphes du Bouddha.
Après la découverte, au milieu du XXe siècle,
des comptoirs commerciaux romains en Inde méridionale, l'argument
de Foucher a été revisité en faveur de l'influence
romaine, par opposition aux Grecs. Cependant les nouvelles découvertes
archéologiques en Asie centrale (comme la ville hellénistique
d'Al-Khanoum et l'excavation de Sirkap au Pakistan moderne) de riches
civilisations Gréco-Bactriennes et Indo-Grecques dans ces
aires géographiques, rétablissent la thèse
hellénistique.
A. Foucher sera directeur de l'EFEO (1905-1907)
puis, en 1914, directeur à l'Ecole pratique des Hautes Etudes.
Chargé de cours à la Sorbonne pour les langues et
la littérature de l'Inde, il est également nommé
membre (1908) puis secrétaire (1910) de la Commission archéologique
de l'Indochine.
Professeur à l'université Columbia, aux Etats-Unis
(1915-1916), il collabore avec l'Archaeological Survey of India.
En 1922 il fonde la Délégation archéologique
française en Afghanistan, et négocie une convention
qui accorde à la France, pendant trente ans, le privilège
des fouilles.
Co-fondateur de l'Institut de civilisation indienne (1928) avec
S. Lévi et E. Senart, il sera élu, à la mort
de ce dernier, comme successeur à son fauteuil de l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres .
|